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« Revoir Paris », les rêves passés de la mégapole du futur

Affiche de l’exposition « Revoir Paris » (Schuiten-Peeters/Cité de l’architecture et du patrimoine)

La science-fiction, tous les amateurs le savent, remonte loin – au moins à Jules Verne et H. G. Wells, sinon à d’autres bien plus lointains encore –, avant que le terme soit inventé. Aussi est-ce un plaisir presque mélancolique de voir, nous qui filons après l’an 2000, comment nos ancêtres ont rêvé ce futur qui est devenu notre présent.

Au palais de Chaillot à Paris, la Cité du patrimoine et de l’architecture présente jusqu’au 9 mars – plus que trois petites semaines – une exposition, « Revoir Paris », alléchante si vous aimez l’urbanisme, la prospective ou (si vous lisez ce blog, je vous le souhaite !) la science-fiction.

Le dessinateur François Schuiten et le scénariste Benoît Peeters, auteurs de la série de bande dessinée « Les Cités obscures », entamée en 1983 (une quinzaine d’albums à ce jour), y montrent des images et planches issues de leur œuvre, à côté d’une sélection de dessins d’architectes, de plans, de photomontages et autres documents sur les projets conçus depuis deux siècles pour Paris.

La présentation de l’exposition indique :

« La bande dessinée entretient depuis longtemps des liens intimes avec l’espace de la ville et l’utopie. Mais aucune série ne lui a donné une place aussi importante que “Les Cités obscures” de François Schuiten et Benoît Peeters. Jouant avec les signes de la modernité d’hier – celle de Jules Verne, Robida [lien ajouté par le blogueur, ndlr] ou Le Corbusier –, leurs albums mettent en scène une sorte de futur antérieur où les tissus urbains et les strates temporelles s’enchevêtrent.

Paris y apparaît sous le nom de Pâhry, à côté de villes imaginaires comme Samaris, Urbicande et Calvani. Ici les auteurs livrent avec “Revoir Paris” leur regard sur les visions de Paris depuis deux siècles : des tracés d’Haussmann aux projets du Grand Paris, en passant par les utopies d’Hector Horeau et d’Auguste Perret, ou les projets de Le Corbusier ou de Jean Nouvel. »

Petit aperçu en vidéo.

Détail du projet de l’architecte André Bruyère pour le centre Pompidou (Revoir Paris/Cité de l’architecture et du patrimoine)

Ceux qui trouvent le centre Beaubourg trop décalé par rapport à son quartier contempleront le projet en forme d’œuf (de 100 mètres de haut !) de l’architecte André Bruyère : à côté, le choix retenu pour le centre Pompidou est un modèle de classicisme…

Ceux qui voudront voir un des tout premiers tapis roulants souriront en regardant nos ancêtres filmés dessus, à l’exposition universelle de 1900.

Et les fans de SF rétro ne pourront qu’admirer certaines images, comme celle ci-dessous d’Albert Robida, fantasmant une capitale vue des airs.

« Revoir Paris » n’est pas très grand (même en lisant tous les panneaux et en expérimentant l’écran géant sur les monuments de Paris à travers le temps, du passé à des futurs éventuels, on reste largement sous l’heure de visite).

On peut donc la coupler avec une balade dans une autre expo temporaire de la Cité de l’architecture, sur Viollet-le-Duc (elle se terminera en même temps), ou avec l’exposition permanente… ou tout simplement en allant admirer cette pure idée de SF devenue le monument le plus célèbre du monde, la tour Eiffel juste de l’autre côté de la Seine.

« Le Vingtième Siècle », station centrale des aéronefs à Notre-Dame, gravure d’Albert Robida, 1883 (© Collection particulière/Jean-Christophe Doërr)

Paris en 2156

L’album « Revoir Paris » de Schuiten et Peeters (Casterman)

Après l’expo (ou à la place, si vous ne pouvez vous y rendre), il y a le tome 1 de l’album « Revoir Paris », (éditions Casterman), le dernier album en date donc du duo Schuiten-Peeters, dont plusieurs planches sont exposées à Chaillot.

On y suit les pérégrinations de Kârinh, une habitante de l’Arche (colonie spatiale loin de la Terre, où quelques milliers d’humains se sont réfugiés en 2051), qui en 2156 réalise son rêve et revient à la planète qu’elle n’a jamais foulée.

Ce voyage, et ses explorations sous l’effet d’une drogue pendant les mois du trajet spatial, sont l’occasion de vues de Paris, Paris passé – la tour Eiffel, là encore, les passages des Grands Boulevards – et Paris futur, où Le Havre est devenu la station basse d’un ascenseur spatial.

Le rythme est lent, presque contemplatif avant l’arrivée sur Terre, et les images comme toujours dans « Les Cités obscures » sont très belles. Vivement le second tome !

San Fransokyo, une ville hybride

Comme je n’en ferai pas une note de blog à part, je signale en passant aux amateurs de dessins animés le nouveau Disney (et premier Marvel depuis sa reprise par Mickey), « Les Nouveaux Héros » (« Big Hero 6 ») : il se regarde agréablement, c’est un film familial réussi, mais pas avant 10-11 ans minimum, entre l’intrigue un brin dure à suivre pour de plus jeunes et la part du deuil dans cette histoire de robot et de superhéros (l’importance de la perte, dans un style différent, m’a fait penser à « Astroboy »).

Et surtout, puisque avec l’exposition à Chaillot et les œuvres de Schuiten et Peeters, il est question ici de villes, un aspect prenant des « Nouveaux Héros » est la mégapole où se passe l’histoire : San Fransokyo qui, comme son nom l’indique, est un hybride de San Francisco (Golden Gate aux formes nipponisées, fameuses rues en pentes) et de Tokyo.

Original article by Thierry Noisette, published at February 18, 2015.
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