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De la controverse physico-psychique à la problématique des interfaces spatio-temporels entre mondes distincts

Tentative de synthèse by Tom o’Guën1) for Annales de la chaire d’urbicandologie. Vol 7, n° 7, page 49

Résumé

Après avoir apporté un éclairage nouveau sur la controverse physico-psychique, nous analyserons de façon théorique les hypothèses concernant les interfaces spatio-temporels et nous tenterons une synthèse. Puis nous verrons comment cette synthèse s’applique et se vérifie dans certains cas de « passage ».

Introduction

Le but de cet article n’est pas d’apporter de nouveaux éléments dans l’étude des phénomènes liés aux « passages » entre mondes distincts mais de proposer une première synthèse objective des connaissances actuelles dans un domaine où les hypothèses foisonnent mais où les études critiques sont encore peu nombreuses. L’auteur n’a pas la prétention de faire le tour complet d’une matière aussi vaste mais de proposer une première approche. Puisse celle ci susciter des réactions constructives et encourager de nouvelles initiatives destinées à faire progresser cette science encore jeune et pleine de promesses.

Remerciements

Qu’il nous soit permis ici de remercier toutes les personnalités des deux mondes2) qui ont bien voulu nous faire part de leurs constatations et nous prodiguer leurs conseils. Il n’est pas possible d’en faire ici une liste complète mais il serait injuste de ne pas citer plus particulièrement, les professeurs Schuiten et Peeters, tous deux docteurs HC 3) de la chaire d’urbicandologie et qui ont consacré l’essentiel de leurs efforts à l’étude du monde obscur et à la recherche des passages entre mondes distincts. Nous ne pouvons non plus passer sous silence l’accueil des autorités d’Alta Plana qui n’ont pas ménagés leurs efforts pour nous faciliter l’accès au département des archives secrètes du Continent Obscur.

La controverse physico-psychique

Si nous voulons résumer les positions en présence, nous pouvons distinguer trois courants auxquels se rattachent la plupart des hypothèses émises au sujet du passage d’un monde à un autre.

Portes physiques

Appelées aussi, selon les auteurs, portes réelles, portes matérielles ou portes somatiques, il s’agirait de lieux de passage identifiables par des moyens scientifiques relevant de la physique des corps solides. Si on étudie les allégations des partisans de ce type de passage (à l’exclusion de tout autre type), on devrait trouver ces portes dans des lieux peu accessibles, souvent éloignés des fortes concentration humaines (déserts, hauts plateaux, régions marécageuses ou inhospitalières, mais aussi grottes et autres cavités profondes). Bien que séduisante au premier abord, cette approche ne semble pas cadrer avec un phénomène aujourd’hui reconnu: à savoir, la propension qu’ont les hommes à vouloir se rapprocher de certaines portes, voire, à y bâtir leur habitat. Toujours est il, que le nombre des partisans de ce type de passage a aujourd’hui fortement diminué et que cette hypothèse ne rallie plus qu’une poignée d’irréductibles. Et encore, pour ne pas perdre tout crédit, ceux ci ont du abandonner une position exclusivement basée sur la physique de l’état solide et incorporer dans leurs théories une dose substantielle de physique ondulatoire.

Portes psychiques

La seconde approche est celle des portes psychiques, aussi appelées par certains portes imaginaires, portes oniriques ou portes de l’intellect. La base de cette approche est une théorie du professeur Wappendorf, développée après que ses tentatives de trouver une porte physique aient toutes échoué. Il se souvint alors des propos de Jules Verne, rencontré dans les tréfonds du continent obscur. L’écrivain lui aurait déclaré que pour passer d’un monde à l’autre, il ne se servait que de son imagination. La théorie du professeur Wappendorf rencontra immédiatement un grand succès et déclencha presque aussitôt la grande controverse pysico-psychique dont les remous se font encore sentir de nos jours. Beaucoup de scientifiques se sont ralliés à cette théorie, malgré les lacunes assez évidentes qu’elle ne parvient pas réellement à combler. Ainsi, interrogé sur sa rencontre avec Jules Verne et Augustin Desombres, le professeur Wappendorf ne put jamais expliquer comment sa théorie pouvait rendre compte de contacts physiques entre personnes des deux mondes. Poussé dans ses retranchements, le professeur affirma n’avoir fait qu’entrevoir une sorte de mirage. Mais ceci ne cadre évidemment pas du tout avec les confidences faites par Mary von Rathen, confidences selon lesquelles elle aurait eu un rapport physique avec Augustin Desombres.

Doubles portes

Devant les lacunes que comportent chacune des deux premières approches, un nombre croissant de scientifiques se rallie maintenant à la théorie de la coexistence des portes physiques et psychiques. A ses débuts, cette nouvelle approche n’apportait aucun élément nouveau par rapport aux deux premières; elle se contentait d’affirmer que les deux types de passages existent bel et bien et qu’il ne faut pas exclure l’un pour privilégier l’autre. C’était en quelque sorte la solution du bon sens. Pourtant, loin d’apaiser la controverse, cette nouvelle théorie ne fit que l’attiser; les tenants des autres théories affirmaient en effet que cette approche cumulait les défauts des deux autres, au lieu de les éliminer. Le problème venait de ce que le voyageur se voyait obligé d’emprunter un type de passage. C’est alors que quelques personnes, restée anonymes émirent l’idée selon laquelle chaque passage était à la fois un passage physique et un passage psychique. C’est dans ce cadre que fut utilisé pour la première fois le terme de « double porte ». Les tenants de cette théorie se fondaient sur de solides notions de mécanique ondulatoire et affirmaient que les théories de la granulation de l’énergie 4) s’appliquaient aussi bien à l’énergie mentale qu’à toutes les formes d’énergie ondulatoire. Bien que non clairement affirmée, il semble bien que ce soit la position adoptée par les professeurs Schuiten et Peeters dans leur ouvrage de référence 5).

Notre position se rattache évidemment à l’approche du troisième type. Mais nous voudrions apporter à cette approche un éclairage nouveau, basé sur l’étude des nombreux témoignages de passage que nous avons pu recueillir durant nos travaux. Parmi ceux ci, le témoignage capital et le mieux documenté est incontestablement celui d’Augustin Desombres 6). En examinant son cas avec soin, nous découvrons plusieurs étapes dans son passage.

Première étape: Desombres découvre la maison de l’Aubrac et il y sent « quelque chose ». Deuxième étape: après avoir acheté la maison, Desombres commence à peindre mais à un moment donné son acte échappe à sa volonté. Mu par une force qui le dépasse, il se met à peindre des sphères. Troisième étape: toujours sous influence de la force extérieure, Desombres veut peindre un personnage, mais son sujet se dérobe à lui. Quatrième étape: Desombres se déplace alors vers un endroit précis de la maison et soudain, il « passe ». La première et la dernière étape tendraient à donner raison aux tenants de la « porte physique ». Les deux autres, aux tenants de la « porte psychique ». La conjonction des quatre étapes apporte évidemment de l’eau au moulin des partisans de la « double porte ». Mais ce témoignage nous apporte beaucoup plus que cette simple conclusion. Reprenons les étapes une à une.

Tout d’abord, Desombres sent « quelque chose ». Ce qu’il sent, est évidemment la proximité d’une porte. Cette proximité se manifeste par un phénomène que dans la pauvreté de nos connaissances actuelles nous appellerons une « onde », bien qu’il s’agisse de tout évidence d’un phénomène que l’on ne peut pas réduire à nos connaissances actuelles concernant les ondes. L’existence de cette « onde » rend évidemment parfaitement compte de tous les phénomènes de type physique qui sont associés au passage. Cela signifie-t’il que pour passer, il faille absolument trouver une porte, quelque part. Certainement pas. Nous pensons que le pouvoir mental de certains voyageurs surdoués permet de se passer de ce type de porte 7). Mais pour le commun des mortels, cette « onde » est nécessaire car elle active nos capacités. Ensuite Desombres se met à peindre. Là sa volonté entre en action mais très vite, volonté et « onde » font interaction. Totalement inconscient de ce qui se passe alors, Desombres tente et réussit un premier passage, que nous appellerons « passage inversé ». L’énergie développée dans le mental de Desombres est telle que plutôt que de passer de l’autre côté de la porte, le peintre attire à lui et matérialise par son pinceau, un fragment de l’autre monde. Cette opération, très difficile à réaliser par un être conscient est au contraire très courante dans les rêves où elle n’aboutit pas à la matérialisation. Mais Desombres ne rêve pas et ce passage est un véritable exploit. On peut en conclure que l’état du peintre est alors analogue à une transe, phénomène que nous avons occulté dans nos schémas occidentaux mais qui fonctionne encore très bien chez des personnes qui ont gardées intactes leurs traditions ancestrales. Vient alors, la troisième étape. Desombres essaye de matérialiser Mary dans son monde à lui. Mais cette partie là est trop dure. On peut se demander pourquoi. Nous y voyons une explication. En fait durant l’étape précédente, une partie du mental de Desombres lui a échappé et est déjà passé de l’autre côté. Et là, il entre dans le champ d’action du mental de Mary. Mary, qui rappelons le, n’est alors qu’une enfant et qui possède donc un potentiel intact. Privilégiée par sa jeunesse et son innocence, Mary est beaucoup plus forte que Desombres. Voilà pourquoi, le peintre ne peut attirer l’enfant dans son propre monde. Vaincu, Desombres abandonne le combat, il se rapproche alors de l’endroit d’où émane l’onde et toute sa volonté développée dans les étapes précédentes, se retrouve brutalement matérialisée de l’autre côté. La matérialisation de la volonté du peintre est absolument avérée. Grâce à elle, les deux protagonistes vont alors pouvoir se toucher comme s’ils avaient toujours fait partie du même monde. Ils vont même avoir un rapport sexuel, ce qui, reconnaissons le, est bien la manifestation la plus évidente de proximité physique entre deux personnes. Bien qu’étrangère à notre démonstration, la suite est néanmoins intéressante. Il ne faut pas oublier qu’au cours de la seconde phase de son « passage », Desombres a réussi à capter et à matérialiser un fragment du monde obscur dans son propre monde à lui. Et cela pose un problèmes. En peignant les sphères de Marahuaca, Desombres crée un vecteur de continuité qui lie les deux mondes. Ce vecteur est inévitablement soumis à des tensions auxquelles il ne peut résister longtemps. Même la correction apportée par le peintre après son retour ne suffit à empêcher la disparition de la porte. C’est d’ailleurs ainsi que l’on explique la fermeture de nombreuses portes. Trop fréquentées par des voyageurs imprudents, ces portes sont généralement victimes de la formation involontaire de vecteurs de continuité. On ne répétera donc jamais assez aux voyageurs qu’ils doivent se montrer prudents et surtout très discrets. Trop de « passages » aboutissent inévitablement à la fermeture d’une porte.

Le problème des vecteurs de continuité nous fait entrer de plein pied dans la problématique des interfaces spatio-temporels. Ceci constitue le deuxième volet de notre synthèse.

Problématique des interfaces spatio-temporels entre mondes distincts

Depuis des temps immémoriaux, la connaissance des « passages » a gardé un caractère initiatique. Les passeurs inspiraient une grande méfiance et risquaient les pires ennuis, à trop étaler leur savoir. Ce secret a évidemment favorisé l’éclosion des hypothèses les plus farfelues et aujourd’hui encore, il est vraiment difficile de faire le tri parmi tous les ragots, bruits de couloir et autres affirmations suspectes. De plus, le témoignage des passeurs et des voyageurs n’apporte pratiquement rien qui puisse nous éclairer sur la nature exacte des interfaces. Il est vrai que pour étudier scientifiquement les interfaces, il faudrait s’arrêter au beau milieu d’un passage et s’y livrer à des mesures; mais quelles mesure ? Les premières publications à prétention réellement scientifique, n’ont pas plus de quinze ans et nous ne disposons pas encore du recul suffisant pour pouvoir émettre des théories à caractère définitif. Nous devons donc avancer nos idées avec la plus grande prudence.

Le principe de continuité

C’est de nouveau à Axel Wappendorf que nous pensons devoir l’énoncé de ce principe 8), selon lequel tous les mondes communiquants 9) ont un système de référence spatio-temporel commun. Contrairement à ce qui se passa lorsque fut énoncée la théorie des portes psychiques, ce principe ne suscita pratiquement aucune réaction dans le monde scientifique, tant ce principe semblait aller de soi. Pourtant, une observation rigoureuse de certains faits aurait du alerter les chercheurs. Si l’on se réfère aux affirmations de Mary von Rathen, reprises dans l’ouvrage de Schuiten et Peeters déjà cité, le temps passe plus vite sur terre que dans le monde obscur. Nous reviendrons plus loin sur cette affirmation et nous dirons ce que nous en pensons, mais rien que cela suffit à démonter les thèses attribuées à Wappendorf. Ce que nous savons aujourd’hui des vecteurs de continuité et des accidents qu’ils engendrent nous oblige évidemment à rejeter en bloc ce principe et tous ses corollaires.

La double couche continue

C’est François Dominique Léon Demongeot, un chimiste terrien 10), qui énonça cette audacieuse théorie 11), basée sur une analogie supposée entre les interfaces spatio-temporels et les complexes argile-solution. On sait en effet que dans les solutions en contact avec des argiles, les ions se disposent selon un modèle appelé « double couche diffuse ». Selon Demongeot, nos systèmes de référence spatio-temporels diffèrent de monde à monde. Ceci prend évidemment en compte l’objection que nous relevions à propos du principe de continuité. Demongeot pose alors l’inévitable question de l’interface spatio-temporel qui relie ou sépare les mondes distincts. La théorie de Demongeot est assez ingénieuse. Il conçoit chaque système de référence spatio-temporel comme une sorte de champ de force, agissant de façon uniforme dans un monde donné. Lorsqu’on se rapproche d’un autre monde et donc d’un autre système de référence, il y a interaction entre champs de force. L’influence de l’un se met à diminuer, au fur et à mesure qu’augmente l’influence de l’autre. Le sujet qui traverse un interface est constamment soumis à un champ qui est la résultante des deux champs distincts. Cette résultante est un champ continu, d’où le nom de cette théorie. Voici comment Demongeot représentait les deux champs de force (rouge et bleu) et le champ résultant (violet).

Ceci constitue la première approche réellement scientifique du problème. Nous n’entrerons pas dans le détail des discussions qui ont suivi cet énoncé. Dans l’ensemble ce travail fut plutôt bien accueilli dans le monde scientifique obscur. Pour séduisante qu’elle paraisse au premier abord, cette théorie ne rend malheureusement pas comptes de tous les phénomènes observés dans les interfaces. Bien sur, la relative indépendance des deux systèmes de référence permet d’imaginer une certaine souplesse de la résultante mais des phénomènes comme les accidents dus aux vecteurs de continuité nous obligent à rejeter cette théorie, tout comme la précédente.

La double couche discontinue

Conscient des faiblesses de sa théorie, c’est Demongeot lui même qui tenta d’y remédier en proposant plusieurs aménagements successifs. Le dernier en date est la théorie dite « de la double couche discontinue 12) » qui rallie aujourd’hui la grande majorité des avis. C’est à Demongeot que l’on doit en effet la découverte des vecteurs de continuité et sa nouvelle approche tient évidemment compte de l’existence de ces vecteurs. Voici comment le chercheur représente ce phénomène.

Dans cette représentation, on voit que les deux champs de force ne se touchent pas et que se trouvent ainsi éliminés tous risques de distorsion et de turbulence et donc tous les accidents qui pourraient en résulter. Mais cette approche résolument nouvelle a une autre conséquence; elle nous révèle l’existence d’une sorte de zone neutre qui n’est soumise à aucun champ de force. Cette zone fut baptisée « hiatus spatio-temporel » par Demangeot lui même.

Le hiatus spatio-temporel et ses conséquences

C’est en étudiant le problème du hiatus et en le rapprochant de certains phénomènes concrets que nous avons découvert toutes les perspectives que cette théorie avaient ouvertes. Affirmer l’existence du hiatus amène automatiquement à se demander ce qu’il advient au moment où un sujet traverse le hiatus. En effet, l’absence de tout lien concret entre deux systèmes nous autorise à nous poser les questions suivantes

Pourquoi un sujet quittant Bruxelles se retrouve-t’il automatiquement à Brüsel et pas à Urbicande ou même, une fois ici et une fois là ? Pourquoi un sujet quittant la terre à une date donnée se retrouve-t’il dans le monde obscur à une date précise et pas à une autre ? C’est ici qu’interviennent les vecteurs de continuité. Nous pensons en effet que tout passage crée un vecteur et qu’ensuite les passagers suivent ce vecteur comme une sorte de fil conducteur. En d’autres termes, le premier passage est aléatoire mais sert de définition pour ceux qui suivent.Autre conséquence, le voyageur qui passe par des portes différentes ne retrouve évidemment pas les mêmes repères spatio-temporels. Ceci explique très bien pourquoi la rencontre d’Augustin Desombres et de Mary von Rathen et l’arrivée de cette dernière sur la terre soient séparées de 24 ans du côté obscur et de 85 ans du côté terrien. Les deux voyageurs ne sont pas passés par la même porte. Et il est maintenant difficile de savoir où est Mary von Rathen puisqu’elle est retournée dans son monde par une troisième porte.Mais l’existence d’un vecteur de continuité ne rend pas compte de tous les phénomènes et force nous est de constater certaines anomalies. Il semble bien en effet qu’un sujet peut, dans certaines circonstances, perdre le fil conducteur alors qu’il se trouve dans le hiatus. Il peut alors ressortir à un autre endroit et à une autre époque que ce que laisse prévoir le vecteur. De tels « accidents » sont plus fréquents qu’on veut bien le croire et nous avons décidé de les appeler « transgression » (contraction de « progression transversale »). Le plus étonnant dans une transgression est que le sujet entrant à partir d’un monde peut très bien ressortir du même côté, tant il est vrai qu’en passant dans le hiatus, il perd tout sens et toute notion de temps, d’espace et même de direction. La malheureuse aventure de Franz Bauer est un cas typique de transgression.

Examen de quelques cas concrets

Passons maintenant en revue quelques cas concrets et voyons comment ces cas se rattachent d’une façon ou d’une autre à nos hypothèses de travail, à savoir: double porte, double-couche discontinue, hiatus et surtout la transgression qui découle en quelque sorte des autres hypothèses.Disons pour commencer que ces hypothèses permettent d’éliminer à coup sur toutes les théories fumeuses sur les civilisations antérieures, les mondes engloutis et les petits hommes verts et autres êtres supérieurs venus nous apporter les bienfaits de civilisations extérieures, bien plus avancées que la nôtre. De l’Atlantide aux cartes de Pirî Raïs en passant par les énigmes des mégalithes ou des hauts plateaux andins, tout s’explique le plus naturellement du monde par l’existence des portes entre mondes distincts et par les règles et anomalies de fonctionnement de ces portes. Nous avons étudié quelques portes célèbres dont le seul nom suffit à faire comprendre notre propos. Notons que tous les cas étudiés par nous se situent du côté de la terre et non du côté du monde obscur.

  • Portes de Stonehenge. L’examen de ce site par des personnes sensibles démontre à l’évidence l’existence de plusieurs portes situées elles aussi sur un cercle concentrique aux cercles mégalithiques. Par contre la disposition de ces portes par rapport aux portes de pierre ne semble pas cohérente et les spécialistes se demandent s’il n’y a pas eu un phénomène de rotation. Cette hypothèse n’expliquerait malheureusement pas toutes les aberrations constatées. En tout cas, la littérature obscure fait des allusions à peine voilées à des phénomènes qui sont à mettre en relation avec ce que nous savons des civilisations mégalithiques. Cette porte fut probablement une véritable « autoroute » reliant la terre au monde obscur et il n’est pas impossible que la construction des cercles mégalithiques ait eu pour but de renforcer le lien entre les deux mondes. Ceci a malheureusement du avoir l’effet contraire. L’établissement de vecteurs de continuité très forts peut avoir entraîné une distorsion du champ et le phénomène de rotation dont nous avons fait mention. Mais la rotation se serait accompagnée de torsions qui auraient amené les aberrations qui ont été constatées. Ce qu’on ignore complètement, c’est à quel endroit du monde obscur se situait la « sortie ». Les constructions mégalithiques du côté terrien ne pouvaient pas ne pas avoir de pendant de l’autre côté.
  • Portes de Bretagne. Cette région contient de nombreux sites dont deux s’avèrent particulièrement intéressants: l’île de Gavrinis et les monts d’Arrée. Nous passerons sur Gavrinis qui est un site tellement évident qu’il n’est pas utile d’en parler si ce n’est pour dire que, comme pour Stonehenge, la construction du dolmen a pu provoquer une fermeture prématurée de cette porte. Par contre, on connaît moins bien les monts d’Arrée. Dans cette région se situe une zone marécageuse appelée Yeun Elez, au centre de laquelle les légendes bretonnes situaient le « Youdig », sorte de gouffre formant l’entrée de l’enfer. C’est une règle générale et presque absolue que partout où la tradition populaire place une porte de l’enfer se situait en fait une porte entre mondes distincts. Ce qui est intéressant c’est que plusieurs témoignages gardés secrets jusqu’à ce jour, font état de nombreux cas de transgressions entre les portes de Bretagne et celles de Stonehenge. Ces cas de transgression accréditent une thèse assez percutante selon laquelle ce seraient les dysfonctionnements d’une porte (consécutifs à l’établissement de vecteurs de continuité) qui favoriseraient l’apparition des phénomènes de transgression. Ainsi les portes mégalithiques auraient dans un premier temps servi de portes normales entre mondes distincts, puis, au fur et à mesure des distorsions croissantes entre les deux mondes, elles auraient servi de plus en plus souvent de points de passage entre elles, avant de se fermer définitivement.
  • Porte d’Istanbul. Nommée aussi « porte de Pirî Raïs » cette porte a été le théâtre de transgressions temporelles permettant à des géographes turcs d’établir des cartes de navigation reflétant des connaissances très en avance sur leur temps. Ces cartes furent utilisées par l’amiral Pirî Raïs et retrouvées sous formes de fragments ou de mauvaises copies dans les caves du musée Topkapi. La forte densité de population d’Istanbul ne permet pas de localiser avec précision l’emplacement de la porte.
  • Porte des Portugais. Nommée aussi « porte des navigateurs », cette porte aurait été en relation avec celle d’Istanbul. Malheureusement, cette porte n’a jamais été retrouvée et son existence est considérée comme hypothétique. Les fameux « portulans » ou cartes marines utilisées par les navigateurs portugais pourraient n’être que de mauvaises copies des cartes originales réalisées à Istanbul. Bien que n’ayant pu localiser cette porte, certains éléments nous donnent à penser que son existence n’est pas chimérique.
  • Portes des Atlantes. Ces portes, fort nombreuses, se situent dans plusieurs vallées pré-sahariennes de l’Atlas marocain mais aussi dans des zones aujourd’hui immergées du sud de l’Espagne (en particulier dans l’estuaire du Guadalquivir). Leur existence est évoquée à demi mot par Jean Mazel 13). Ces portes, très actives pendant une très longue période ont évidemment alimenté nombre de légendes, dont celle des Atlantes. Il est aujourd’hui certain qu’Atlantes et Berbères ne sont qu’un seul peuple et que c’est la disparition de la porte du Guadalquivir (qui a littéralement sombré dans les flots) et la fermeture de la plupart des autres portes qui a suscité beaucoup de fantasmes. Détail piquant: une des portes est effectivement restée ouverte, presque jusqu’à nos jours. Il s’agit d’une porte située dans la haute vallée du Ziz et fermée définitivement lors de la mise sous eau de cette vallée, suite à la construction du barrage Hassan II. Ainsi donc ce serait le destin de l’Atlantide que de toujours disparaître sous les eaux.
  • Porte des Yéménites. Située à l’extrême sud du Yémen, cette porte a permis de très nombreux échanges entre mondes distincts. Cette porte est également un cas particulier, car elle a également servi de point de passage pour d’importantes migrations de population. C’est un cas unique dans l’étude des portes entre mondes distincts: les flux migratoires n’ont pas contrarié le fonctionnement de cette porte pendant une période fort longue. Lorsque les premiers signes de dysfonctionnement commencèrent à apparaître, cette porte fut alors le théâtre de phénomènes de transgression, la reliant à une des anciennes portes des Atlantes, celle là même qui se situe dans la haute vallée du Ziz. Ces transgression, qui se situent à la même époque que la conquête du Maroc par les Arabes, expliquent de nombreuses analogies dans l’art, l’architecture et les traditions, entre le sud yéménite et le sud marocain. C’est de nouveau Mazel 14) qui relève ces analogies.
  • Porte d’Ormuz. Située dans le chaos rocheux qui obstrue en partie le détroit du même nom, cette porte a joué un rôle non négligeable, parallèlement à la porte des Yéménites. Mais son intérêt principal vient de ce qu’elle a été le théâtre d’une spectaculaire transgression temporelle dans l’existence des célèbres Blake et Mortimer. Le regretté Edgar P. Jacobs 15), lorsqu’il a relaté fidèlement les aventures de ces deux gentlemen n’a pas manqué de mettre en évidence l’anomalie chronologique révélée dans l’épisode de « La marque jaune » et qui situe la troisième guerre mondiale après l’épisode du « Mystère de la grande pyramide » alors que cet épisode lui même prend logiquement la suite du « Secret de l’espadon ». L’explication de cette anomalie est à rechercher dans l’existence de cette porte qui a permis à un certain nombre de personnes de voyager dans le temps et de bouleverser la chronologie des événements relatés par Jacobs. C’est un cas sur lequel se penchent actuellement plusieurs de nos confrères et nous attendons avec impatience les résultats de leurs travaux.
  • Porte de Wasme. Appelée aussi « porte du dragon » cette porte soutient encore aujourd’hui l’imaginaire collectif des habitants de Mons. Au Moyen-Age, les initiés aux mystères des portes étaient souvent considérés comme des sorciers et les lieux qu’ils fréquentaient étaient chargés de malédictions diverses. Lorsqu’elles n’étaient pas considérées comme des portes de l’enfer, ces portes ont été associées à diverses manifestation de monstruosité. C’est le cas de cette porte qui a en quelque sorte accouché d’un dragon et d’une belle légende.
  • Portes de Mons. Distinctes de la précédente, les portes de Mons ont également alimenté chez beaucoup de Montois une sorte de fantasme collectif que nous appellerons « fantasme des souterrains » car il est directement lié à la présence dans la butte montoise d’un réseau de souterrains reliant le château de Mons avec de nombreux lieux plus ou moins distants. Notre déontologie nous interdit d’en dire plus à ce sujet.
  • Toujours pour des raisons déontologiques nous nous contenterons de citer d’autres portes encore ouvertes et que nous avons eu l’occasion d’étudier. Porte des Touaregs (porte connue des Touaregs; peut être une ancienne porte atlante). Portes des Tziganes (plusieurs portes connues des « gens du voyage »). Porte des Incas (située sur les hauts plateaux des Andes, c’est la porte utilisée par Mary von Rathen pour son retour dans le monde obscur 16)).
  • Et pour terminer, signalons encore que nous sommes à la recherche d’une porte évoquée de façon à peine déguisée par l’auteur du film « Le pas suspendu de la cigogne ».

Toutes les observations que nous avons pu faire sur ces sites, ainsi que les témoignages les plus fiables recueillis à leur propos, concourent à nous convaincre du bien fondé de notre hypothèse concernant la transgression et du coup, de toutes les autres hypothèses sur lesquelles celle ci est fondée.

Conclusion

Grâce à l’étude de quelques cas, nous avons montré que les théories de la double porte, de la double couche discontinue, de l’hiatus spatio-temporel et des vecteurs de continuité rendent compte de toutes les situations connues. L’expérience acquise montre également que les portes fonctionnent généralement en deux phases successives: d’abord comme point de communication entre mondes distincts, puis, lorsque ce fonctionnement est perturbé par les distorsions induites par les vecteurs de continuité, comme point de transgression spatiale ou temporelle. Nous n’avons pas étudié la durée de vie des portes mais l’expérience nous donne à penser qu’il s’agit là d’une caractéristique éminemment variable d’une porte à l’autre. L’extraordinaire longévité de certaines portes est un mystère sur lequel nous ne chercherons pas à nous prononcer.

1)
NDLE: notre confrère Tom o’Guën est né à Mons (Belgique-Terre), le 7/07/45. Physicochimiste et informaticien, licencié en urbicandologie, il est attaché à notre chaire comme professeur visiteur. Il est également docteur HC de l’université de Mons (chaire de para-physique spatio-temporelle) et chargé de cours à l’université de Salé (Maroc-Terre).
2)
Nous n’entrerons pas ici dans la polémique qui divise le monde scientifique à propos du nombre de mondes distincts. Comme la plupart de nos confrères, nous tenons pour certaine l’existence de plusieurs autres mondes mais aucune étude sérieuse n’a jamais pu en donner le nombre ni même démontrer que ce nombre existe. Nous nous en tenons donc à la théorie dite « des mondes distincts en nombre indistinct ».
3)
A l’heure où nous remettions cet article à l’éditeur, l’accession des récipiendaires au titre de docteur honoris causa n’était encore qu’à l’état de projet mais nous espérons que lorsque le lecteur entrera en possession de ce numéro des annales d’urbicandologie, ce sera chose faite.
4)
Selon cette théorie, les énergies se manifestent à la fois sous forme ondulatoire (et rendent alors comptes de certains phénomènes comme la réfraction par exemple) et à la fois sous forme granulaire ou particulaire (et rendent alors compte d’autres phénomènes comme l’influence de la gravité ou les phénomènes d’impact par exemple). C’est la base de la mécanique quantique.
5)
Schuiten et Peeters: « Le guide des Cités », paru chez Casterman (Tournai) en 1996.
6)
Ce témoignage a été rapporté de façon très précise par Schuiten et Peeters, dans un ouvrage capital: « L’enfant penchée » paru chez Casterman (Tournai) en 1996.
7)
Nous sommes convaincu que Jules Verne appartient à cette élite des voyageurs capables de changer de monde sans passer par une porte. Les exploits de Jules Verne ne s’arrêtent d’ailleurs pas là. Non content de passer à côté des portes, l’écrivain parvint même à matérialiser les personnages produits par son imagination. Il en fut ainsi pour le capitaine Némo qui fut matérialisé par son auteur dans les canaux de Samarobrive, avec sous marin et tout son équipage.
8)
L’infatigable chercheur n’a laissé aucun écrit sur ce sujet, pas plus d’ailleurs que sur les portes psychiques. Mais le tollé que suscita sa théorie sur le passage psychique ne nous laisse aucun doute quant aux origines de cette théorie. Par contre, la relative indifférence que suscita l’énoncé du principe de continuité ne nous permet pas de tenir pour certain que Wappendorf en soit l’auteur.
9)
Pour prévenir les critiques éventuelles, le savant faisait une distinction entre « mondes communiquants » et « mondes non communiquants ». Cette distinction lui permettait de mettre les anomalies de ses théories sur le compte des « faux passages » reliant des mondes « non communiquants ». Cette distinction a été complètement abandonnée depuis; tous les mondes distincts connus sont réputés communiquants.
10)
Né à Mons (Belgique-Terre) et spécialisé en chimie de surface et en chimie des argiles, Demongeot se passionna très tôt pour le monde obscur. Cette passion lui valut de perdre tout crédit auprès de ses collègues terriens. Très affecté par la chose, il disparut en 1969 et cette disparition fut interprétée comme un suicide. Nous savons maintenant que Demongeot était tout simplement passé de l’autre côté. Pendant plusieurs années, il enseigna la physico-chimie et les sciences du sol à Pârhy et c’est à cette époque qu’il développa la théorie de la double couche continue. Ce travail lui valut d’être admis dans le cercle très fermé des scientifiques attachés à la chaire d’urbicandologie. Ceci confirme l’adage bien connu selon lequel « nul n’est prophète dans son pays »
11)
F.D.L.Demongeot: « Des interfaces spatio-temporels considérés comme des variantes des interfaces physico-chimiques »; thèse soutenue a Pâhry et publiée in extenso dans les « Cahiers de la science » à Brüsel.
12)
F.D.L.Demongeot: « Prise en compte des phénomènes de discontinuité dans les double-couches »; in « Cahiers de la science » à Brüsel.
13) , 14)
Jean Mazel: « Enigmes du Maroc » paru chez Robert Laffont en 1971. La réticence de l’auteur à parler ouvertement des portes des Atlantes vient de ce qu’il pensait que certaines de ces portes étaient toujours en activité.
15)
Edgar P. Jacobs: « Le secret de l’espadon », « Le mystère de la grande pyramide » et « La marque jaune » tous trois parus aux Editions du Lombard.
16)
Ce n’est un mystère pour personne: cette porte est située sur le site de Machu Picchu. Mais elle est heureusement trop bien cachée pour que de simples curieux la découvrent par hasard.