Altaplana, world of Francois Schuiten and Benoit Peeters

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Revoir Paris, Schuiten & Peeters

Revoir Paris Schuiten & Peeters was published on November 5, 2014 by Magali Chupeau-Legoff on her blog at Lili larch. See also her other blogs about the Revoir Paris exhibition.


C’est le premier partenariat sur mon blog et je suis très fière de collaborer avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à l’occasion de la sortie (aujourd’hui même !) de « Revoir Paris », la dernière bande-dessinée du duo franco-belge François Schuiten et Benoît Peeters, auteurs des désormais mythiques Cités Obscures.

Celles et ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux (ici, ici aussi et même ) le savent déjà : le mois dernier, je suis montée dans le Thalys pour rejoindre Bruxelles, où j’ai eu le privilège de rencontrer EN VRAI Benoît Peeters et François Schuiten, dans l’atelier de ce dernier.

Joie.
Immense.
Je commence tout juste à m’en remettre.
Je suis fan de leur travail depuis mes premières années en Ecole d’Architecture où une amie m’avait fait plonger dans leur incroyable univers.

Car c’est un monde parallèle qui se crée au fil de leurs bandes-dessinées, peuplé d’utopies urbaines et architecturales, de villes imaginaires et de personnages fascinants.
« Revoir Paris » ne fait pas exception à la règle.
Kârinh, la jeune héroïne, se définit elle-même comme une « utopiomane ». Née dans une colonie spatiale fondée par les descendants des Terriens, elle se porte volontaire pour explorer ce qu’est devenue la Terre dans l’unique but de revoir Paris, cité fantasmée de ses ancêtres…

Mais revenons à ma visite Bruxelloise.
C’est Benoît Peeters himself qui voyage avec nous et nous guide vers la maison-atelier de François Schuiten.

Et là, avant d’aller plus avant, un point « prononciation » s’impose.

C’est bon pour tout le monde ? Alors continuons.
Arrivés à l’atelier, c’est François Schuiten (t’as vu, pas facile à dire, hein !) qui nous ouvre. Mais c’est son chien Jim qui nous accueille très, mais alors TRES affectueusement, par un léchage d’oreille (!) en règle. Ce chien a également la particularité de transporter son coussin partout avec lui. Oui oui. Ce sont donc lui et son coussin qui nous montrent la voie vers l’atelier de son maître, deux étages plus haut.

L’atelier de François Schuiten est sous les toits, où les tables à dessin sont baignées de lumière. Les murs sont recouverts de rayonnages, non pas de bandes-dessinées, mais de livres d’architecture et d’urbanisme. Deux fauteuils cabriolets se font face sur un tapis moelleux. C’est donc là, à même le sol, que l’artiste nous ouvre ses cartons à dessins.

Tout en feuilletant les dessins posés au sol, François Schuiten et Benoît Peeters entament un dialogue spontané, commentant leurs différents projets. Ces échanges en disent long sur la complicité qui les unit depuis de nombreuses années et révèlent un humour (belge ?) décapant. Ils évoquent ainsi la station du métro parisien « Arts et Métiers » qu’ils ont conçue et qui fête ses 20 ans cette année.

Alors qu’ils sont juste sous nos yeux, on a du mal à croire que ces dessins au crayon ne sont pas des photos, tant ils sont parfaits de réalisme.
Quelle beauté…
« Cette station est un miracle, nous dit Benoît Peeters. Parfois, il y a un alignement de circonstances qui permet que ce genre de commande aboutisse. »

Les dessins originaux de « Revoir Paris » sont tout aussi sublimes… François Schuiten ajoute : « Ce qui nous passionne, c’est le rapport entre imagerie et imaginaire. » Et Benoît Peeters de préciser : « Avec l’irresponsabilité qui caractérise les raconteurs d’histoire… »

Quand on demande à François Schuiten s’il est tenté par la tablette graphique et les outils de dessin numérique il répond d’un non poli. « Pour « Revoir Paris », je suis allé rencontrer le marchand de papier, voir comment l’encre réagit à la matière, comment le crayon y interfère. Je prête une très grande attention au grain du papier. Je trouve que l’informatique a tendance à uniformiser les rendus… Pour ma part, je prolonge mon dessin par la mise en couleurs. Je fais tout. Je travaille l’entremêlement entre textes et dessins. J’aime la typo, sentir le texte, travailler les lettres et les onomatopées. »

Juste à côté de sa table à dessin, François Schuitten nous montre un chevalet au pied duquel sont posés plusieurs cadres, abritant de précieux originaux de grands maîtres de la bande-dessinéé américaine : George Herriman, Winsor McCay, Cliff Sterrett, Milton Caniff ou encore George Mac Manus

« Je ne suis pas collectionneur. Ces planches sont des outils de travail pour moi, je les observe très souvent. Regardez la beauté des onomatopées, des phylactères, de leur absence parfois, créant ce blanc « physique », ce jeu entre le texte et le non-texte. Et ce lettrage là, noir et épais… »

Son amour du fait-main et du papier ne l’empêche pas, loin de là, de s’intéresser aux nouvelles technologies. « Revoir Paris » est le premier tome d’une série de deux. François Schuiten et Benoît Peeters ont les yeux qui pétillent en évoquant la sortie du second : « On travaille dessus d’arrache pied. On voudrait qu’il y ait des surprises, des bonus numériques… » Mais le mystère reste entier.

Fin novembre, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris accueillera une exposition, dont les scénographes et commissaires ne sont autres que Schuiten et Peeters. Egalement baptisée « Revoir Paris », elle confrontera leur travail sur les utopies et le Paris imaginaire avec la vision d’architectes, d’urbanistes et de penseurs depuis plus de deux siècles. Les visions de Jules Verne, Le Corbusier, Auguste Perret, Albert Robida… entre nombreux autres, seront rassemblées pour montrer Paris comme nous ne le verrons jamais.

Benoît Peeters explique : « Aujourd’hui, nous sommes dans un monde bridé et dénué d’imaginaire. On a une vue extrêmement courte sur le futur, à dix ou vingt ans, pas plus, à l’inverse des architectes utopistes des années 60 qui fantasmaient les années 2000.
On sera toujours à côté de la plaque en parlant du futur mais il est important d’ouvrir cette porte vers l’anticipation.
Même les propositions d’urbanisme les plus radicales sont porteuses d’un rêve, d’un idéal. »

Pour cette exposition, François Schuiten et Benoît Peeters ont collaboré avec les ingénieurs de Dassault Système pour concevoir un écran circulaire permettant de visualiser trois sites parisiens en réalité augmentée.

Vous avez hâte comme moi de voir ce que ça va donner ?
Patience : dans quelques jours, j’aurai la chance d’assister au montage de l’exposition… Alors rendez-vous très bientôt sur mon blog ;) Stay tuned !