Altaplana, world of Francois Schuiten and Benoit Peeters

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François Schuiten "Le plaisir est une tension qui amène à un état de découverte et de jubilation."

Dessinateur de bandes dessinées et scénographe, François Schuiten signe deux BD “Mars” et “Bruxelles, un rêve capital”. Il est au micro d'Arnaud Laporte pour un entretien au long cours. L'occasion d'en savoir plus sur ses sources d'inspiration, son imaginaire ainsi que sur son processus de création.

François Schuiten. Crédits : CASTERMAN


François Schuiten, passionné des récits de Jules Verne dès son plus jeune âge et entouré d'un père, d'une sœur et d'un frère architecte, publie sa première histoire à l'âge de 16 ans, Mutation dans l’édition belge Pilote. Il étudie par la suite à l’Institut Saint-Luc, l’atelier de bande dessinée dirigé par Claude Renard, fondateur de l’Atelier R. Un endroit qui déterminera sa vie de dessinateur et de scénographe. Aujourd'hui, le bruxellois François Schuiten revient au micro d'Arnaud Laporte sur son parcours créatif et ses sources d'inspiration à l'occasion de la sortie de Mars écrit avec Sylvain Tesson édité par Louis Vuitton et Bruxelles, un rêve capital chez Casterman. Il est également illustrateur depuis 2020 à la Red Team, un groupe d'auteurs de science-fiction chargés de faire de la prospective pour le Ministère des Armées. De plus, François Schuiten réalise le chantier de Notre-Dame en bande dessinée en partenariat avec la Cité internationale de la BD d’Angoulême.

Un album phare

Après deux albums réalisés avec Claude Renard, Aux médianes de Cymbiola en 1979 et Le Rail en 1981 publiés chacun aux Humanoïdes Associés, François Schuiten collabore avec son frère, Luc Schuiten et créent de concert Carapaces, Zara, et Nogegon édités aux Humanoïdes Associés.

C’est en 1980 qu'il réalise avec son grand ami scénariste Benoît Peeters l’univers parallèle des Cités obscures dont l'esthétique est inspirée des illustrations des livres de Jules Verne. Les Cités obscures est une saga composée des Murailles de Samaris, de La Fièvre d’Urbicande qui obtient le prix du meilleur album de l’année au festival d’Angoulême en 1985 ; mais il y a également La Tour, La Route d’Armilia, Brüsel, L’Enfant penchée, l’Ombre d’un homme, La Frontière invisible, La Théorie du grain de sable, Souvenirs de l'éternel présent. La saga, Les Cités obscures entraîne le lecteur dans un univers onirique de villes gigantesques où circulent vaisseaux, tramways marins ou encore voitures volantes. Cette saga obtient un tel succès qu'elle est traduite dans une dizaine de langues et obtient de nombreux prix dont le Grand prix Manga au Japan Media Arts Festival en 2013. Par ailleurs, les deux créateurs ont trouvé un terrain d'entente créative ; Benoît Peeters, ancien élève de Roland Barthes, apporte dans le travail sa culture littéraire tandis que François Schuiten apporte sa culture visuelle.

Je dessine assis sur de très grandes tables de dessin, anciennes et j'adore car c'est un lieu où on décolle. Il y a toujours plein de documentations et de choses autour. J'ai besoin de me nourrir, de brasser pour commencer tout doucement à construire quelque chose qui ne sera qu'un dessin.

Un passionné de train

François Schuiten dessine des trains depuis l’enfance et ceux-ci restent présents dans son univers artistique ; certains sont particulièrement graphiques comme les trains rapides japonais, les TGV français ou encore les anciennes locomotives.

Ce ferroviphile, passionné du rail, de la machine et de l'histoire du train, a scénographié le Train World, au musée du train de Bruxelles, ouvert en 2015. Il l'a pensé comme un “opéra ferroviaire”. En outre François Schuiten a transformé la station de métro Arts et Métiers à Paris en sous-marin Nautilus. La RATP l'a invité à concevoir cette station de métro à l’occasion du bicentenaire du musée. Il a réalisé également l’album La Douce en 2012 consacré à une locomotive à vapeur du début du XXème siècle. Lorsqu’il a découvert cette locomotive entreposée dans un hangar, il s’est dit qu’il allait en faire une histoire. La Douce est de couleur verte avec des bandeaux chamois mais François Schuiten a toujours imaginé l’album en noir et blanc en référence au cinéma et à la photo mais aussi parce qu’il voulait faire percevoir l’odeur de la suie et du charbon. Ce choix illustrait davantage la puissance de la machine. De surcroît, dans ses dessins comme dans Les Cités obscures, François Schuiten imagine un train aérien dont les voitures se détachent et se déplacent dans de multiples directions.

Je ne sais pas toujours pourquoi on fait les choses, c'est de l'intuition. J'ai toujours envie d'aller voir, d'essayer. Je suis curieux et parfois un peu con ! Marcel Duchamp disait : Bête comme un peintre. On pourrait dire bête comme un dessinateur. Parfois j'ai envie d'essayer, voir si ça marche, si mon idée fonctionne ; il faut se tromper, errer, déchirer, il faut gratter.

La scénographie

La bande-dessinée n'est pas son seul domaine de prédilection. En effet, François Schuiten a participé à la conception visuelle de nombreux films et a coscénarisé deux documentaires de science-fiction. De plus, la mise en espace l'intéresse beaucoup et il a eu l'occasion de scénographier _La ville imaginaire (_Cités Ciné Montréal) ainsi que Le Musée des Ombres présenté à Angoulême, Bruxelles, Paris et Sierre. François Schuiten a également réalisé le Pavillon du Grand-Duché de Luxembourg lors de l’Exposition Universelle de Séville ; mais aussi le pavillon de Hanovre où 5 millions de personnes ont pénétré le Paradis ; ainsi que le Pavillon belge de l’Exposition mondiale d’Aïchi au Japon qui a ouvert ses portes en 2005 et la Fondation pour l’Architecture de Bruxelles, une exposition consacrée à son père. Depuis 1977, Benoît Peeters et François Schuiten ont permis la restauration de la première maison d'Art nouveau de Victor Horta à Bruxelles, la maison Autrique.

François Schuiten parle de l'architecture dans son travail : “ L'architecture permet de structurer la planche et structurer le monde pour créer les tensions avec les personnages et créer l'atmosphère. L'espace me passionne et ce qui m'intéresse c'est de voir comment il nous impressionne, nous construit et comment on le façonne.

Son actualité : Mars de François Schuiten et Sylvain Tesson publié le 28 octobre 2021 aux éditions Louis Vuitton et Bruxelles, un rêve capital publié le 20 octobre chez Casterman. François Schuiten est également illustrateur depuis 2020 à la Red Team et réalise le chantier de Notre-Dame en bande dessinée en partenariat avec la Cité internationale de la BD d’Angoulême.

Sons diffusés pendant l'émission :

  • Extrait de Jim Jarmusch “ Le train transporte votre imagination, vos émotions”
  • Extrait du film Les enfants du Capitaine Grant (1962)
  • Happiness Is A Warm Guy des Beatles
  • Archive - Emmanuel Macron sur l'incendie de Notre-Dame
  • Edgard Félix Pierre Jacobs, auteur de bande dessinée belge, parle de ses inspirations et influences italiennes et flamandes ainsi que de ses méthodes de travail.

Original article by Arnaud Laporte, published at December 28, 2021.
Read the original publication at France Culture