Altaplana, world of Francois Schuiten and Benoit Peeters

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Blake et Mortimer font rayonner le Palais de justice de Bruxelles

Si Batman surplombe, un livre dans la main, la ville d’Amiens, solitaire parmi les gargouilles de la splendide cathédrale, c’est un autre édifice religieux qui monopolise l’attention. Les 24es rendez-vous de la Bande Dessinée ont choisi d’accorder une exposition particulièrement soignée au dernier volume Blake et Mortimer, cosigné par des chevaliers qui n’ont rien d’apocalyptique.

Ils auront planché quatre années et mis la main à la pâte pour aboutir à ce grand projet. Le Dernier Pharaon est un livre hors du commun, fruit de la réunion du romancier Thomas Gunzig, du cinéaste et homme de théâtre Jaco Van Dormael, du dessinateur François Schuiten et de l’affichiste maître de la couleur Laurent Durieux.

Ce one shot, présenté par l'équipe – nous y reviendrons –, s’inscrit tout à la fois en rupture graphique de l’héritage de Jacobs, et paradoxalement, dans une stricte continuité de son œuvre.

Nous sommes dans les années 80 — on trouve un fax… un fax ! – soit quelques années après les dernières aventures racontées par Jacobs. Un rayonnement émane du palais de Justice de Bruxelles, provoquant une coupure d’électricité et d’atroces cauchemars.

L’armée évacue logiquement la ville, et une cage de Faraday est placée tout autour pour limiter les effets de ce rayonnement. L’intervention de Blake et Mortimer est impérative.

C’est entre 54 et 55 que Le mystère de la grande pyramide d’Edgar Jacobs fut publié, en deux tomes. L’album Le dernier des pharaons des quatre auteurs a pris, un peu par hasard, son envol dans la poursuite de cette aventure.

L’exposition revient assez logiquement sur l’histoire éditoriale de Jacobs, son lien avec les deux personnages et présente les quatre auteurs, chacun dans ses spécificités. Notons par ailleurs que, pour la première fois, François Schuiten a laissé à un tiers le soin de réaliser la scénographie de l’exposition — ce qui n’allait pas sans quelques sueurs froides pour les organisateurs. Le dessinateur n’a pas quitté les lieux en pestant : un souffle de quiétude s'est répandu dans la Halle Freyssinet qui avait marché sur des oeufs…

Un point particulier, c’est que Le dernier pharaon a amplement profité d’un voyage de François Schuiten en Égypte justement. Nous avions évoqué avec lui le projet ScanPyramids réunissant artistes et scientifiques pour tenter d’observer différemment les pyramides de Gizeh.

Et la présence d’un dessinateur a permis la détection d’une anomalie architecturale : « Je me suis évertué à dessiner tout cela. Et un soir, en présentant mes dessins, nous nous sommes aperçus qu’à deux endroits, on retrouvait un positionnement identique des pierres », nous expliquait-il en décembre 2015.

Or, cette piste semble la meilleure des options pour tenter d’appréhender ces monstres de pierre.

L’exposition permettra de découvrir cet OVNI éditorial, sa genèse, ses auteurs et ses pages, à quelques jours seulement de sa sortie en librairie. Mais plus encore : on passe entre des planches, évidemment, on croise une pyramide renversée, et renversante, et des sièges immersifs, diffusant une composition de Nicolas Godin.

Il s’agit d’une ambiance sonore, diffusée dans des sièges spécifiques, qui reflète l’empreinte acoustique de la chambre du Roi. Son écho de plus de 8 secondes a captivé depuis tout temps… Et l’on peut alors revivre cette découverte dans l’un des deux sièges proposés — gare à ne pas s’endormir tant l’effet est berçant.

« Il faut essayer malgré tout de se renouveler, de se mettre en danger, et l’on ne peut pas toujours le faire tout seul. Tous les quatre, nous étions un peu amateurs sur ce projet et cela m’a fait du bien de redevenir quelqu’un qui ne sait pas comment faire. De découvrir », nous indique François Schuiten, en parcourant l'exposition.

Original article by Nicolas Gary , published at June 1, 2019.
Read the original publication at Actualitté