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Winsor McCay dessinateur poétique et formidable explorateur du langage de la BD

La 8e biennale du 9e art à Cherbourg-en-Cotentin accueille une splendide rétrospective de Winsor McCay, l’un des pères de la BD américaine, créateur de Little Nemo.

Détail d'une planche de Little Nemo in Slumberland/Affiche de l'exposition Winsor McCay au Musée Thomas Henry © Biennale du 9e art de Cherbourg-en-Cotentin

A Cherbourg, jusqu’au 1er octobre, plus de 60 originaux de Winsor McCay, l'inventeur de Little Nemo in Slumberland, sont présentés dans une scénographie sobre voulue par les commissaires Benoît Peeters et François Schuiten. Une exposition unique au monde, les originaux étant dispersés chez des collectionneurs. Elle dévoile l’incroyable talent de cet immense dessinateur et grand de la BD du début du XXe siècle. Une oeuvre moderne, unique entre rêves et cauchemars, prétextes à de multiples déformations.

Benoit Peeters : Winsor McCay, un émerveillement

enoît Peeters co-commissaire avec François Schuiten de de la rétrospective Winsor McCay au Musée Thomas Henry de Cherbourg-en-Cotentin © Radio France / AD/France Inter

On ne peut pas dire que Little Nemo in Slumberland soit la première BD américaine, mais Winsor McCay est incontestablement l'un des génies, et inventeurs, des début de la BD aux Etats-Unis. Il commence vers 1903-1904, puis Little Nemo in Slumberland démarre en 1905 et va se développer de manière sublime pendant une dizaine d'années.

Il est peut-être l'inventeur de la page en BD. Une page conçue comme un tableau, comme une harmonie, comme un récit complet. Son œuvre est à la fois poétique, drôle, remarquablement dessinée, mais c'est surtout une exploration du langage du 9e art. D'abord dans la construction, dans l'usage de la couleur : c'est un moment où elle explose dans les journaux américains.

Des pages lues par toutes la famille

Dans l'exposition Winsor McCay au Musée Thomas Henry à la biennale du 9e art de Cherbourg en Cotentin © Radio France / Anne Douhaire/France Inter

Il faut imaginer l'émerveillement des lecteurs devant ces pages géantes du dimanche. On a l'impression qu'il y a le premier flash lorsqu'on découvre la page, avec cette interrogation : “Qu'est-ce qu'il nous a encore réservé, qu'est-ce qu'il nous a inventé ? Fait-il apparaître un éléphant ? Un dragon ? Un palais d’illusion… ” Dans le même temps, on a une lecture lente, puisqu'on a une page par semaine. Il nous donne la possibilité d'entrer dans l'histoire plus lentement.

Un inventeur du dessin animé

Et puis Winsor McCay, c'est l'inventeur du dessin animé, c'est un illustrateur prodigieux. C'est quelqu'un qui invente tout le temps, puis il se lasse et passe à autre chose. Et même les quelques dessins animés sont tous conçus avec des techniques très différentes : chaque fois, il essaye un nouveau système, un nouveau procédé, animé par cette passion qui l'a guidé toute sa vie : le dessin.

mage de Gertie le dinosaure dans l'exposition Winsor MCcay de la biennale du 9e art au Musée Thomas Henry de Cherbourg-en-Cotentin © Biennale du 9e art au Musée Thomas Henry de Cherbourg-en-Cotentin

Ecouter Benoît Peeters :

Winsor McCay, un enfant de l'Amérique

Georges Washington apparait dans un des cauchemars de Little Nemo in Slumberland - Détail d'une planche présentée dans l'exposition Winsor McCay © Biennale du 9e art de Cherbourg-en-Cotentin

Benoît Peeters : On ne sait pas s'il est né côté américain ou canadien de la frontière, mais la presse et les journaux dans lesquels paraissent Little Nemo… traversent les Etats-Unis. Il raconte l'Amérique, Chicago, et son exposition universelle, il raconte le quartier de Coney Island et les parcs d'attraction. Il raconte New-York et les gratte-ciels. On a l'impression que l'architecture de ces grandes pages est directement inspirée de la croissance des villes américaines.

Little Nemo in Slumberland, une planche du 29 septembre 1909 présentée dans l'exposition Winsor Mc Cay au Musée Thomas Henry © Biennale du 9e art de Cherbourg-en-Cotentin

Un chroniqueur de ce monde

J'ai l'impression qu'au-delà des lectures un peu formelles qu'on a faites en Europe, où on s’émerveille des couleurs, de son art graphique, on aurait besoin aujourd'hui de rentrer dans le contenu des pages. J'ai par exemple été émerveillé par la page où Little Nemo est confronté à Georges Washington. On s’aperçoit qu'il réécrit l'histoire américaine. A plein de moments, il apporte à des immigrants, une sorte de culture intégratrice des Etats-Unis

Original article by Anne Douhaire, published at June 26, 2017.
Read the original publication at Inter France