Altaplana, world of Francois Schuiten and Benoit Peeters

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Rencontre avec Benoit Peeters au Musée des Arts et Métiers

Auteur de bandes dessinées, de romans, et réalisateur, Benoit Peeters a imaginé avec François Schuiten, son acolyte de longue date, une exposition exceptionnelle autour du dessin. Nous l'avons rencontré pour qu'il nous parle de “Machine à Dessiner” et du livre qui sort en même temps “Revoir Paris”.

La genèse du projet

Nous aimons beaucoup le Musée des Arts et Métiers. Nous avions d'ailleurs participé au concours pour sa ré-novation, nous étions arrivés deuxième mais François a réalisé la station de métro Art et Métiers, ce qui est déjà pas mal ! On a toujours été fascinés par le lieu et par les machines, François est collectionneur lui-même. Au moment où nous commencions l'écriture de “Revoir Paris”, il a fait une petite résidence d'artiste au Musée de plusieurs mois. Il était évident pour nous que le musée des Arts et Métiers apparaitrait dans notre livre et quand le directeur nous a proposé de travailler ensemble, nous n'avons pas hésité.

La première idée de François a tout de suite été autour des tables à dessin, parce qu'elles sont elles aussi des machines. Ensuite nous sommes allés dans les réserves, nous avons discuté avec les conservateurs, les spécialistes et choisi des machines. L'idée était de les faire dialoguer avec les dessins de François. Nous avons sélectionné de manière intuitive plus que technique. Il fallait qu'elles nous plaisent, qu'elles soient sculpturales, porteuses de rêverie ou qu'elles fassent un fort écho aux dessins.

Retour vers le futur

Dans la série Cités Obscure, Benoit Peeters et François Schuiten imaginaient des histoires fantastiques dans des villes proches du réel.. Dans Revoir Paris, on découvre à travers les yeux d'une jeune femme, une version post apocalyptique de la Capitale, devenue en 2150, une ville de façade. Or la ville qu'elle s'imagine avant d'atterrir est plus proche du 19e siècle, elle a nourri son imaginaire avec des livres anciens, ce livre raconte la fin d'un rêve..

Retour à l'expo, dès la première salle de l'expo nous sommes accueillis par un imposant scaphandrier sans âge. Nous plongeons immédiatement dans l'univers “Julevernien” des artistes. “Cette machine n'a à priori rien à voir avec le dessin mais elle est magnifique et fait écho avec la Station de Métro Arts et Métiers que nous avons habillée en 1994. Elle nous a été gentiment prêtée par le Musée de la Marine et nous l'avons même utilisée pour l'affiche.

Dans l'atelier des artistes

Dans la seconde pièce, une machine permet de dessiner en 3 dimensions au cours d'ateliers organisés par le Musée. Plus loin nous pourrons voir une vidéo de François Schuiten en train de l'utiliser, “c'est plus difficile que ça en a l'air”. Nous entrons alors dans la grande salle.

Au milieu trône la table de dessin de François Schuiten. “C'est son vrai bureau, là où il travaille et là, ce sont des dessins originaux avec sa plume, il y a même sa tablette, il fait des recherche avec.” Tout autour, des machines, “mais contrairement au reste du Musée qui est très historique, didactique et dominé par la pédagogie, chez-nous, nous sommes dans une atmosphère mystérieuse au bord du rêve.” L'utilisation du terme “chez nous” est révélatrice, nous sommes vraiment dans le bureau et même dans la tête de Benoit Peeters et François Schuiten.

Tout autour de nous, des machines évidemment. Machines à vapeur, outils pour le dessin, inventions imaginaires, objets construits à partir des dessins qui sont eux même exposés. La mise en lumière de ces objets accentue leurs côtés fantastiques.

Par exemple … “Le tricycle de De Dion-Bouton est tout à fait remarquable, on a le sentiment de comprendre comment il marche rien qu'en le regardant. Nos machines d'aujourd'hui avec la miniaturisation et l'informatique, sont des machines que le dessin ne révèle pas. La séduction de la machine au mécanisme visible est aujourd'hui tout à fait pertinente. Les objets sont devenus très lisses.

Il y a aussi ce planétaire qui est un objet d'une grande élégance et qui peut fasciner par delà sa fonction. François les collectionne et il a dessiné celui-ci pour un film. Finalement on a beaucoup associé notre travail à l'architecture à l'urbanisme mais cet univers technique est une autre façon de le traverser.

Sur des tables, des illustrations font écho aux machines, tantôt des dessins terminés, tantôt des esquisses, des cahiers. “Il y a une volonté de désacraliser le dessin, on voit que le dessin démarre à partir de choses très simple, du papier de l'encre de chine… François travaille de façon très traditionnelle, il garde ainsi ses matières et ses textures dans le dessin, chose qu'il ne pourrait pas faire avec des logiciels.

A vous de jouer

“Dans cette dernière salle, on a exposé les originaux de 20 pages de notre bande dessinée Revoir Paris. On s'est concentré sur le centre de Paris donc autour de nous. Les personnages découvrent cette ville devenue musée et protégée par un Dôme, ils pénètrent dans le Musée des Arts et Métiers, ils sont guidés par un automate gigantesque. Ce qui est amusant c'est qu'en réalité, il est tout petit.

La vision de ce Paris du futur est à la fois terrifiante et séduisante, on peut se baigner dans la Seine, il n'y a plus de voiture. La température est constante, mais les parisiens n'existent plus, la ville est désormais un grand parc à touristes.

Au coeur de cette salle, Des tables de dessins et des feuilles sont à disposition des visiteurs, on peut participer à un concours de dessin et contribuer à l'expo, on peut surtout essayer de comprendre comment Benoit Peeters et François Schuiten voient le monde et tentent de le comprendre en le dessinant.

À quatre mains – François Schuiten et Benoît Peeters – " Revoir Paris, La Nuit des constellations "

Merci à Benoît Peeters pour cette visite guidée, mais on ne vous a évidemment pas tout dit alors allez-y vite !

Original article by Sandra berkoukeche, published at November 24, 2016.
Read the whole story at Que faire à Paris?