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Exposition Machines à dessiner : Schuiten et Peeters explorent l'histoire

François Schuiten et Benoît Peeters présentaient hier leur exposition Machines à dessiner. Hébergée au Musée des Arts et métiers jusqu’au 26 février, cette aventure de longue haleine déploie un univers complexe et fascinant. ActuaLitté était dans les coulisses de cette aventure.

La collaboration des deux hommes ne date pas d’hier : c’est avec Les Cités obscures, série d’une quinzaine d’albums que Benoît Peeters, au scénario, et François Schuiten, au dessin, débutent leur travail dans les années 80. Quant au musée des Arts et métiers lui-même, il a avec François Schuiten une histoire particulière : le dessinateur avait été choisi pour l’aménagement de la station de métro Arts et métiers. Le Nautilus souterrain est aujourd’hui considéré, à juste titre, comme l’une des plus belles stations du réseau parisien.

Mais on retrouve également le Musée, plus spécifiquement, dans le dernier album que signent les deux hommes, Revoir Paris. Une apparition en guest-star très remarquée.

Une histoire du dessin, des dessinateurs et des objets

L’exposition Machines à dessiner retrace donc le cheminement des auteurs, dans leur imaginaire et leurs univers. Sont réunis des techniques centenaires ainsi que des images rares, des objets parfois insolites. « Machines à dessiner fait le pari de la découverte par le sensible et l’émotion. Véhicules de ce voyage initiatique, les objets et les images, choisis dans les réserves du Musée des arts et métiers sont moins le support d’un discours scientifique qu’une source d’émerveillement. » En voici d’ailleurs la bande-annonce.

La scénographie, confiée à François Schuiten, s’appuie avant tout sur un éclairage qui rend l’atmosphère intime : la lumière guide le regard du visiteur, autant que le parcours lui-même. Le dessin de Schuiten y est omniprésent, et accompagne une histoire des techniques employées dans ce monde : « Quelle que soit l’évolution des outils, de la table à la tablette, le dessin n’est pas un acte du passé, c’est une manière plus actuelle que jamais de regarder le monde pour mieux le comprendre. »

Machines à dessiner, dans tous les sens

Tout est parti, voilà quatorze mois, d’une rencontre entre Yves Winkin, directeur du Musée des Arts et métiers, et François Schuiten. Le dessinateur venait de passer plusieurs mois en résidence dans l’établissement, et présente une idée d’exposition. De l’objet au dessin, dans un aller-retour incessant, il dessine les contours d’un projet mettant en scène les appareils et l’homme, dans leur relation si spécifique.

Benoît Peeters trouva alors le titre, Machines à dessiner, jouant sur un double sens spécifique : tant celles qui servent à apprendre le dessin, que celles qui accompagnent le dessinateur, depuis la plume, en passant par la table, jusqu’aux machines informatiques contemporaines. On entre dans l’atelier de l’artiste – des vidéos projetées y participent plus encore – pour une découverte moderne et ancienne.

Ce sont les réserves du Musée que l’on parcourt, où des machines rares et parfois inconnues se succèdent. L’exposition invite également au dessin, avec des tables installées spécifiquement, et des feuilles accompagnées de crayons, offerts à tous. « Machines à dessiner donne à voir des machines comme nul historien des techniques ne les verra jamais – avec un regard d’adoration qui en fait surgir toute la beauté. Une beauté presque surréelle, venue d’une cité qui n’a plus rien d’obscur », affirme Yves Winkin.

Le dessin peut être celui de l’observation, celui de l’exploration, du déploiement de l’imaginaire. Multiple, mais partant toujours des techniques industrielles, autant que celles mêmes du dessin. « Un projet comme celui de l’exposition ne se construit pas avec de bonnes intentions ni les meilleures idées du monde, c’est une alchimie », indique François Schuiten. « A chaque moment, il faut le réinventer, à chaque étape. »

Dessin en réalité virtuelle, la performance

Et bien entendu, tout cela s’achève avec une expérimentation de Schuiten, autour du dessin en réalité virtuelle. Une approche qui ne date pas d’hier, puisqu’avec La Douce (éditions Casterman), le dessinateur avait déjà exploré ces techniques informatiques, en expérimentant la BD en réalité augmentée.

Pour clore l’inauguration, le dessinateur s’est prêté à un jeu complexe : celui du dessin en temps réel, avec un casque de réalité virtuelle. Un exercice particulièrement difficile, si l’on tient compte du trait fin de Schuiten et sa précision dans le dessin. Ici, les traits sont plus épais, et volumineux. La logique de la 3D implique de travailler dans le volume, autant que l’épaisseur. Une performance qui n’a pas manqué de déstabiliser certains dans l’assistance…

Le catalogue de cette exposition sera par ailleurs édité par la maison Casterman, venue hier en force : on retrouvait, entre autres, Benoît Sokal (Canardo) ou encore Geluck (Le Chat).

Original article by Nicolas Gary, published at October 25, 2016.
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