Altaplana, world of Francois Schuiten and Benoit Peeters

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Après "Les Cités obscures", François Schuiten et Benoît Peeters réinventent Paris

ENTRETIEN CROISE - “Revoir Paris”, c'est à la fois une nouvelle BD et une magnifique expo à la Cité de l'Architecture, à Paris. François Schuiten et Benoît Peeters, qui créent ensemble des mondes futuristes depuis près d'un demi-siècle, revisitent aujourd'hui la Ville-Lumière du futur.

Complices depuis l'enfance, l'écrivain Benoît Peeters et le dessinateur François Schuiten créent à quatre mains et parlent d'une même voix. Après avoir marqué l'histoire de la BD avec leur série Les Cités obscures, ils lancent une nouvelle saga, Revoir Paris, située en l'an 2155. En parallèle, une exposition spectaculaire à la Cité de l'Architecture présente les originaux de la BD, avec des dessins rares des architectes et urbanistes d'antan. Ces visions d'un Paris futuriste, pas aussi folles qu'elles en ont l'air, sont d'une stupéfiante beauté. Rencontre avec les maîtres-d'œuvre d'un futur hautement désirable.

Comment vous-êtes vous partagé les tâches sur cette exposition ?

Benoît Peeters : En général on est très au courant de ce que l'autre fait, mais là c'était plus segmenté, étant donné que je vis à Paris et François à Bruxelles. Moi, j'ai suivi la partie historique, la recherche des documents, et François la partie scénographique, dont le grand espace final avec l'écran circulaire interactif construit avec Dassault Systèmes.

François Schuiten : A la Cité de l'Architecture, on a vite eu le sentiment qu'on pouvait faire un projet autour des visions, de l'imaginaire, de l'anticipation de Paris depuis des décennies, voire depuis des siècles. Ça avait graphiquement une présence, une efficacité qui prenait sens aujourd'hui. C'est un bon moment pour faire ça…

B.P. : … en pleine panne du Grand Paris !

F.S. : On avait ce thème qui résonnait au cœur de notre livre, avec un titre ambivalent, “Revoir Paris” : on revoit et on réinvente en même temps Paris.

La BD est-elle un prolongement de l'exposition, ou l'inverse ?

B.P. : L'album est plus “rêver Paris”, et l'expo plus “revoir Paris” au sens où on modifie la ville. Les deux se complètent. Les collections de l'IFA (Institut français de l'architecture) sont très riches, même si on a dû emprunter des documents à une dizaine d'autres institutions. Beaucoup de documents exposés viennent des réserves de la Cité elle-même, et on leur a apporté un élément d'imaginaire, de jeunesse via la bande dessinée.

F.S. : On a investi l'espace “cathédrale”, très haut, à la dynamique inspirante. C'est presque ça qui nous a donné l'envie de placer en point d'orgue un écran géant circulaire et interactif, qui représente trois monuments parisiens en réalité augmentée.

B.P. : L'expo est faite pour ce lieu. Elle ne sera jamais présentée ailleurs car il a été très difficile d'obtenir un certain nombre de dessins, qui sont plus fragiles que les peintures, et quand les institutions prêtent les documents, la durée d'une exposition est déjà le maximum.

Rêvez-vous de voir vos projets architecturaux parisiens prendre forme ?

F.S. : Je ne me rêve pas vraiment architecte, mais ce qui m'amuse, c'est de profiter de toute la liberté que donnent le dessin et la BD. Des choses provocantes, osées, sans me soucier de conséquences lourdes, et il est important de garder ce goût-là.

B.P. : Les architectes du siècle dernier savaient que la plupart de leurs projets ne se réaliseraient pas, mais ils permettaient de se projeter dans un horizon puissant. Le dessin d'architecte et d'urbaniste montre l'impossible dans tous ses détails. Par rapport au Grand Paris d'aujourd'hui, on est en manque de ça, de propositions. On aimerait qu'il sorte de cet album et de cette expo que l'avenir ne soit pas noir, triste, fermé, mais qu'ils propagent l'idée que Paris puisse avoir aussi de l'invention, des possibles, qui la rendrait plus agréable à vivre, à côté de ses images nostalgiques.

Original article by Jennifer Lesieur, published at November 20, 2014.
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